Isaac Asimov et les robots


Isaac Asimov (1920-1992)

Né en Russie, naturalisé américain, il fut diplômé de biologie et de chimie. Après s’être longtemps partagé entre le roman et la vulgarisation scientifique, il revint à la fiction. Contrairement au courant principal (et commercial) qui consistait en pirates et autres aventuriers de l’espace et dont les scenarii étaient simplement glissés dans un décor futuriste et parfois aberrant, ce grand maître de l’anticipation construisait le futur avec toute la rigueur d’un esprit scientifique, et, si certaines de ses histoires furent contredites par après, on doit lui reconnaître d’incontournables qualités de visionnaire.

Isaac Asimov

L'invention du robot moderne
I Robot, Isaac Asimov, 1950.

Asimov a inventé, en 1942, le terme de robot (qui vient de travailleur en Roumain) dans son sens actuel (une mécanique pilotée par un cerveau électronique et capable d’effectuer certaines tâches sans intervention humaine) ainsi que le nom de la science qui s’en occupe, la robotique. A cette époque, le plus gros inconvénient qui faisait du robot intelligent une chimère était que la taille des ordinateurs était monstrueuse en comparaison de ceux de la fin du 20ème siècle, et, pour piloter un androïde (robot à morphologie humaine), le cerveau nécessaire aurait probablement eu la taille d’une maison !


Le robot sans danger

Asimov est l’inventeur du terme robot qui s’applique au robot moderne (utile et sans danger) au contraire des robots précédents qui se retournaient systématiquement contre leur créateur.
Le monstre du docteur Frankenstein, robot organique, était une référence incontournable du comportement du robot jusque là.

The Robots of Dawn 1, Isaac Asimov, 1983.

Anticipation ou prévision ?
The Stochastic Man, Robert Silverberg, 1975.

Les prédictions d'Asimov réalisées à ce jour :
1939 (Robbie), les robots (les nôtres on juste un certain retard intellectuel),
1952 (The Martian Way), les effets euphoriques de la marche dans l’espace (1967 dans la réalité),
1953 (Sally), le véhicule piloté par ordinateur (une voiture),
1957 (The Feeling of Power), le calculateur de poche (1967 dans la réalité).


Avec ou sans loi...

Tous les robots (sauf les derniers) d’Isaac Asimov obéissent à ce qu’il a défini lui-même comme étant les Trois Lois de la robotique, lois sensées régir tous les robots de telle manière qu’ils obéissent aux ordres des êtres humains et ne soient pas un danger pour leurs utilisateurs.
Une fois posées ces règles de base, sa démarche a été d’imaginer les circonstances qui pouvaient prendre les Trois Lois en défaut, et cela pendant un demi-siècle.
Ce n’est qu’à la fin de sa vie, ayant épuisé les intrigues des robots Trois Lois, qu’il a commencé à s’intéresser aux robots dont les Trois Lois sont modifiées (définition de l’être humain absente ou erronée) et aux robots sans loi.
Il a même abordé les interactions entre robots et extra-terrestres dans sa collaboration avec Roger MacBride Allen et d'autres (plus) jeunes auteurs.

I, Robot, Harlan Ellison & Isaac Asimov, 1978, 1987.

Les Trois Lois de la robotique
The Rest of the Robots, Isaac Asimov, 1964.

Première Loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger.
Deuxième Loi : Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi.
Troisième Loi : Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’est pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi.


Les robots et leur environnement

Asimov a décrit trois types de robots liés à des environnements spatio-tempo-socio-politiques particuliers mais on y remarque que le climat social est le facteur le plus significatif.


Les boites de conserve

Le premier environnement est celui que nous connaissons: la terre de la fin du 20ème siècle, et les robots y ont des carcasses volontairement métalliques et inesthétiques, la terre est surpeuplée et les robots (qui volent le travail des humains) sont souvent maltraités et parfois détruits.
Pour des raisons de rendements, les gens, les usines et tous les services publics sont concentrés dans des villes immenses, étanches, et fonctionnant en circuit fermé, l’espace entre les villes est déserté.
La programmation de ces robots (sous la pression de la population) doit obligatoirement inclure les trois lois avant chaque instruction, ce qui ne leur laisse aucune autonomie et réduit grandement leur efficacité intellectuelle.

Inferno, Roger MacBride Allen, 1993.

L'ultime raffinement
Utopia, Roger MacBride Allen, 1995.

Le deuxième environnement simule une époque placée à plus de mille ans dans le futur; la Terre a colonisé de nombreuses planètes qui, avec le temps, se sont différentiées et séparées de la Terre et finissent même par considérer les Terriens comme des inférieurs et à nier leur origine terrestre.
Dans ces colonies la population est très faible et les robots sont nombreux et bénéficient des derniers perfectionnements, contrairement aux robots de la Terre qui sont toujours aussi inesthétiques, les robots des Spatiens (les gens des colonies, par opposition aux Terriens) sont le summum de ce qui peut être fait en la matière.
Un projet Spatien permit de réaliser une série de robots d’une perfection telle qu’ils pouvaient être confondus avec des êtres humains car leur aspect était humain jusque dans les moindres détails mais les robots humaniformes furent abandonnés car ils causaient un sentiment d’infériorité à leurs créateurs.

Le premier robot humaniforme s’appelle R. Daneel Olivaw. Il est aussi le seul en activité, le second ayant été terminé par gel mental (ou robloc).
Le premier robot privé (accidentellement) des Trois Lois est un robot Spatien conventionnel nommé Caliban qui a survécu à son anomalie.


Les micro-robots

Le troisième environnement ne traite pratiquement plus de la terre et décrit un nouveau genre de robot construit à partir de millions de micro-robots (ou nanites) comme le corps humain est construit de millions de cellules.
Cette technique (la nanotechnologie) permet au robot de modifier sa forme en réalignant ses micro-robots de manière différente et lui donne une capacité métamorphique quasi illimitée.
En plus de la fabrication des robots, cette technologie est aussi appliquée aux bâtiments qui deviennent alors intelligents, mobiles, transformables et recyclables à volonté.

Intruder & Alliance, Robert Thurston & Jerry Oltion, 1990.
Maverick & Humanity, Bruce Bethke & Jerry Oltion, 1990.

Dans le cas des robots, cette délocalisation de l’intelligence décharge le cerveau des tâches réflexes (coordination des mouvements) et lui donne une efficacité accrue, équivalente au modèle humain avec, en plus, la possibilité de s’adapter jusque dans sa structure selon les besoins.
En orientant différemment les cellules de leur peau, les robots métamorphes peuvent reproduire des textures relativement réalistes (peau, cuir, fourrure, écailles, écorce,…) et même certaines nuances de couleur.

Véritables mini-usines électrochimiques autonomes, les micro-robots fournissent leur propre énergie, communiquent entre eux et avec le cerveau central, peuvent se déplacer les uns par rapports aux autres et se coordonner et, finalement, peuvent produire certains composés chimiques par électrolyse de l’air ou de tout autre milieu ambiant.

Changeling & Renegade, Stephen Leigh & Cordell Scotten, 1989.

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